Le 27 janvier 1945 l'Armée rouge libérait le camp d'Auschwitz-Birkenau, situé dans le sud de la Pologne. Le plus grand camp de concentration et d'extermination du Troisième Reich.
En cinq ans, plus de 1,1 million d'hommes, de femmes et d'enfants y ont perdu la vie ; dans les chambres à gaz, d'épuisement, de maladie ou sous les balles des SS qui gardaient le camp, déterminés à appliquer la solution finale.
Soixante-dix ans plus tard, quarante élèves de troisième du collège Jean-Baptiste Clément à Paris, classé en zone prioritaire d'éducation (ZEP), se sont rendus en Pologne pour visiter le camp et rencontrer ceux qui ont vécu l'horreur.
Europe 1 était aux côtés de ces adolescents de 15 ans lorsque Rainer Hoess, petit-fils de Rudolf Hoess, commandant des camps d’Auschwitz-Birkenau ; André Berkover, survivant du camp et des "marches de la mort" ; et Tal Brutmann, historien, leur ont raconté l'inimaginable.
AUSCHWITZ
70 ANS APRÈS LA LIBÉRATION
Europe 1 a suivi les élèves de 3e du collège parisien Jean-Baptiste Clément, classé en ZEP, dans leur visite du camp de concentration d'Auschwitz, en Pologne.
Ecoutez les réactions des collégiens lorsqu'ils arrivent à Auschwitz-Birkenau, au micro de la reporter Laure Dautriche (cliquez sur la photo).
ANDRÉ BERKOVER - RESCAPÉ DU CAMP
"Quand j’étais au camp, je n’ai jamais pleuré"
André Berkover n’avait que quatorze lorsqu’il a été déporté à Auschwitz. Le même âge que ces élèves de 3ème qu’il accompagne dans leur première visite du camp.
En juillet 1944, l'adolescent est transféré en Pologne depuis Drancy avec sa mère et son frère. André Berkover sera le seul à en sortir vivant en 1945. "Ma mère était d’une santé précaire. Elle n’était pas apte au travail", se souvient-il au micro de Thomas Sotto. "Alors elle a sûrement été gazée", dit-il, avec émotion, sous le regard interloqué des collégiens.
Beaucoup n’arrivent pas bien à mesurer l’ampleur de l’horreur qui s’est déroulée ici-même, sous leurs pieds. "C’est un million et demi de morts et je n’arrive pas encore bien à comprendre l’envergure de ce qui s’est passé", confie l’un d’eux.
Une journée très forte en échanges, entre les jeunes collégiens et cet ancien déporté. André Berkover a confié aux adolescents que, lui, qui n'avait jamais pleuré pendant sa détention, n’a pu s’empêcher de verser une larme, la première fois qu’il est revenu à Auschwitz.
>> Interview diffusée à 7h45 sur Europe1 le 27 janvier 2015.
RAINER HOESS - PETIT FILS DU COMMANDANT D'AUSCHWITZ
"J'ai coupé tous les ponts avec ma famille"
Rainer Hoess n'est ni historien, ni rescapé du camp. Pourtant son histoire familiale est tout autant liée à celle du camp de la mort. Une histoire difficile à porter. Son grand-père était le commandant SS Rudolf Hoess, fondateur du camp d’Auschwitz.
Lorsqu'il a découvert le passé sombre de sa famille, Rainer Hoess a décidé de couper les ponts avec les siens, d'autant que ces derniers ont toujours considéré - après la guerre - le grand-père comme un héros.
"Mais comment vivre avec un tel héritage familial ?", s'interrogent les élèves. Rainer Hoess a choisi de s'engager dans la lutte contre les idéologies extrémistes.
Pendant la visite du camp, il se remémore les remarques de sa grand-mère qui demandait à ses enfants de bien laver les légumes plantés à 50 mètres du crématorium, à cause des cendres qui venaient se poser dessus. Le petit-fils guide les adolescents vers ces bâtiments de l’horreur, construits par son grand-père, et leur montre la potence où ce dernier a finalement été exécuté, après son procès, en 1947.
>> Interview diffusée sur Europe1 à 7h15 le 17 janvier 2015.
TAL BRUTMANN – HISTORIEN
"Les Russes sont tombés par hasard sur une série de camps"
L’historien Tal Brutmann raconte aux collégiens de classe de 3e, la libération du camp d’Auschwitz le 27 janvier 1945 par l’Armée rouge. "Pour les Russes, qui avaient pris la ville de Cracovie et qui ont poursuivi leur marche vers l’ouest, la libération d’Auschwitz n’était pas un objectif militaire. Ça a été une découverte", explique-t-il aux adolescents. "Ils sont tombés par hasard sur une série de camps", ajoute-t-il.
L’historien revient également sur le rôle exact d’Auschwitz - à la fois "camp de concentration" et "camp de la mort"- au sein du système nazi qui appliquait la solution finale. "A la différence de toutes les autres catégories de détenus qui arrivaient à Auschwitz, les Juifs étaient envoyés, non pas au camp de concentration, mais au centre de mise à mort", explique Tal Brutmann. Seule une infime portion sera épargnée momentanément pour servir de main-d’œuvre. "Mais pour les Juifs ce n’est qu’une question de quelques mois avant qu’ils ne soient tués dans les camps", précise-t-il.
>> Interview diffusée sur Europe 1 à 6h45 le 27 janvier
RÉALISATION ET COORDINATION :
Maud Descamps
VIDÉO :
Claire Hazan
Julie Aime
GRAPHISME :
Mikael Reichardt
AUSCHWITZ : 70 ANS APRÈS LA LIBÉRATION
L'ARRIVÉE DES RUSSES À AUSCHWITZ
LE RÉCIT DE L'HORREUR
LE LOURD HÉRITAGE
André Berkover survivant, aujourd’hui âgé de 85 ans, explique aux enfants l’horreur d’Auschwitz.
Les élèves du collège les élèves de 3ème du collège Jean-Baptiste Clément, dans les allées du camp de concentration d'Auschwitz.
Plus d'un million de personnes ont perdu la vie dans ce camp qui était le plus grand du troisième Reich.
Seule une faible partie des Juifs déportés n'a pas tout de suite été exterminée, mais a servi de maind'oeuvre dans le camp.
Rainer Hoess, en rouge au centre, est le petit-fils du commandant SS Rudolf Hoess, fondateur du camp d’Auschwitz.
Les collégiens découvrent le camp qui s'étend à perte de vue, bien plus grand que tout ce qu'ils avaient pu imaginer.